C'est une vraie question que je pose, je n'ai pas de chiffres pour étayer mon propos, c'est pourquoi je m'en remets à vous pour m’éclairer.
J'ai quand même une forte impression que oui il y a depuis quelques années un problème récurrent de blessures en playoffs qui à mon sens pourri un peu le jeu. Cette année je suis triste de voir que les Cavs (Donovan Mitchel, entre autres), les warriors (Curry), les celtics (Tatum) et avant eux les bucks (Lillard), et, même s'ils n'avaient aucune chance, les grizzlies (Ja Morant) ne peuvent pas défendre leurs chances à armes égales, les séries s'en trouvent biaisées et le spectacle tronqué.
Finalement aujourd'hui (et c'était déjà le cas l'an passé), l'équipe qui gagne est celle qui arrive en finale avec le moins de blessés... A quoi bon monter une équipe taillée pour le titre si tes chances sont à ce point compromises par les blessures potentielles?
Les Cavs et les Celtics ont traversés la saison régulière comme un long fleuve tranquille, ils ont fait tourner l'effectif, ils ont bien géré les temps de jeu et à la fin, ils sont décimés et vont sans doute perdre en demi, pas parce qu'ils sont mauvais, mais parce que leurs cadres sont out (bon les Celtics ont quand même été un peu mauvais).
Pourtant on ne peut pas dire qu'il y a ai plus de match que dans les années 90, on ne peut pas dire que les joueurs jouent plus (au contraire), on ne peut pas dire non plus qu'ils ne sont pas ultra suivi sur le plan médical et diététique.
Alors que se passe-t-il?
J'ai quelques hypothèses à avancer, sachant que l’explication se trouve sans doute un peu dans chacune d'entre elles et sans doute dans d'autre encore:
- les joueurs sont désormais des athlètes dont on booste les capacités physiques au maximum, ce qui les rend par conséquent moins tolèrent au pics de charge qu'ils peuvent rencontrer en playoffs.
- La densité de bons joueurs et de bons effectifs en général rend la compétition bien plus disputée et donc plus engagée et fatigante que 30 ans auparavant.
- L'impact des médias, en particulier les podcasts et les réseaux sociaux dont les joueurs sont très friands et qui augmente fortement leur charge mentale, les exposent en permanence, détourne leur attention, les occupent à des moments ou ils devraient se reposer. A sont époque Michael Jordan avait évoqué a quel point cela l'épuisait d’être autant exposé. Aujourd'hui toutes les stars sont exposées à ce niveau (voire beaucoup plus). Personnellement je crois que ce point est très sous estimé pour expliquer la raison de la recrudescence des blessures.
- autre possibilité, tout ça c'est dans ma tête et il n'y a ni plus ni moins de blessures qu'avant. Dans ce cas donnez moi les chiffres!
Plus de stats aujourd'hui, plus de triple double, plus d'audiences et plus d'argent parce que les benêts qui n'y comprennent rien voient juste des grosses stats et des gros scores.
Les personnes qui n'y connaissent pas grand chose au basket apprécient plus la NBA que le basket européen parce que les scores sont plus élevés et Adam Silver leur sert ça. David Khan avec Paris cherche à faire pareil.
Entre 1995 et 2005 ce sont les 10 années où le rythme de jeu est le plus lent. Donc 32 min de sprint en 2025 est plus fatiguant que 40 min a trottiner en 1995
L'alimentation ? La profusion de nourriture industrielles dès le plus jeune âge est sans doute plus importante chez les jeunes des années 1990/2000 (qui sont donc aujourd'hui pro) que chez les jeunes des années 60/70 qui étaient pro dans les années 90.
Comme le dit Christophe Davy, j'ai aussi lu un article sur le nombre très important de match chez les jeunes américains. De fait arrivé adulte ils sont déjà fragilisé. Sans doute plus les joueurs explosifs (Ja, Zion) que d'autres.
📊 Une comparaison éloquente : années 1990 vs 2015–2024
Années 1990 : En moyenne 4 à 5 joueurs manquaient au moins un match de playoffs chaque année, pour un total cumulé de 10 à 20 matchs manqués. Les blessures graves étaient rares, et les stars restaient souvent sur le terrain, même diminuées.
Depuis 2015 : On compte désormais 12 à 20 joueurs absents chaque année en playoffs pour blessure, avec 100 à 300 matchs manqués cumulés par saison. Sur la période 2015–2023, on dépasse les 1000 matchs manqués en playoffs, soit une hausse d’un facteur 10.
L’année 2021 a été qualifiée d’"hécatombe historique" par ESPN : 11 All-Stars blessés, des séries bouleversées, et un sentiment généralisé de fausse équité. En 2024, un dirigeant NBA a même déclaré n’avoir "jamais vu autant de stars absentes en playoffs".
⚠️ L’impact des blessures est devenu central
Il est désormais courant que l’équipe qui remporte le titre soit celle qui a le moins de blessés, et non nécessairement la plus forte sur le papier. Voici quelques exemples notables sur les 10 dernières années :
2015 : Love et Irving absents en Finales
2016 : Curry (genou) rate 4 matchs
2017 : Parker et Kawhi out
2018 : Kyrie Irving absent de tous les playoffs
2019 : Durant (Achille) et Klay Thompson (croisés) se blessent en Finales
2020 : Dragic et Adebayo blessés dès le Game 1 des Finales
2021 : Leonard, Harden, Davis, Embiid, Irving, Murray… tous touchés
2022 : Middleton, Booker, Morant, Smart, Lowry diminués
2023 : Giannis, Embiid, Herro, Morant
2024 : Lillard, Butler, Mitchell, Tatum…
Le jeu a changé : plus rapide, plus espacé, plus d’actions à haute vitesse. On est passé de 93,7 possessions/match dans les années 90 à près de 100 aujourd’hui. Cela signifie plus de sollicitations, plus de sauts, plus de chocs, notamment sur les pénétrations. La physicalité est devenue mobile et explosive, plus que statique.
La charge de travail reste élevée : même si les stars jouent un peu moins de minutes (36–39 min aujourd’hui vs 40–44 dans les années 90–2000), le rythme plus intense compense largement. Le 1er tour passé en best-of-7 en 2003 et les calendriers compressés (notamment en 2021) aggravent cette usure.
Des corps “optimisés” : les joueurs sont plus explosifs que jamais. Mais ce gain de performance s’accompagne d’une fragilité accrue, notamment au niveau des genoux, ischios, chevilles. Un petit déséquilibre peut avoir de lourdes conséquences.
Charge mentale permanente : réseaux sociaux, pression médiatique, podcasts, business… les joueurs sont sous tension constante. Michael Jordan en parlait déjà à l’époque ; aujourd’hui, cette pression est démultipliée pour tous les joueurs.
Un meilleur signalement des blessures : depuis la fin de l’Injured List (2005) et l’instauration des injury reports quotidiens, les absences sont mieux documentées. Des blessures qui seraient passées sous silence dans les années 90 sont aujourd’hui enregistrées. Cela contribue à l’augmentation des chiffres bruts, mais n’explique pas la tendance de fond.
📉 “Moins de blessures en playoffs” ? Trompe-l’œil statistique
Certaines études (sur 2013–2019) indiquent que le taux de blessures par minute jouée est plus faible en playoffs qu’en saison régulière. Mais c’est logique : les joueurs forcent pour rester sur le terrain en playoffs, même diminués. Ce biais masque en réalité une situation où les corps souffrent davantage, mais les absences sont différées ou dissimulées.
Et franchement… si ça se trouve, c’est à cause des chaussures basses, tout ça 😅
Aujourd'hui les physiques sont plus athlétiques et longiligne pour s'adapter au jeu rapide. C'est de la physique, plus tu es balèze plus tu es lent à l'exception de Lebron qui est une anomalie.
Et la "meilleure" explication que j'ai pu lire (enfin, celle qui me semble la plus acceptable), il y a déjà quelques années, c'est que les corps des athlètes sont trop sollicités à l'adolescence et qu'ils arrivent à l'âge adulte avec des corps en partie essorés.
Et c'est vrai que la pression sur les jeunes joueuses et joueurs n'a cessé de croître avec le temps, en parallèle au développement du basket au niveau mondial. Les jeunes s'entrainent trop, jouent trop, voyagent trop,... dès l'âge de 10/11 ans pour les "prospects" plus talentueux.
Il y a une vraie différence avec les parcours sportifs en enfance des joueurs des années 90. Ceux-ci n'ont pas été soumis à la même intensité physique sur leurs jeunes années.